En 2014, Walker Wilbank, un étudiant d’une école secondaire américaine se plaignait de crampes et d’étourdissements au cours d’un match de football américain auquel il participait.On l’a conduit à l’hôpital où il est décédé quelques heures plus tard, non sans d’abord avoir eu des convulsions.
Toujours en 2014, Zyrees Oliver, 17 ans, s’est plaint de crampes au cours d’une pratique de football américain. De retour à la maison, le jeune homme s’est effondré. On l’a conduit à l’hôpital, où on a constaté l’absence d’activité cérébrale. Le lendemain, il était mort.
Qu’ont en commun ces deux jeunes athlètes?
Ils avaient consommé une trop grande quantité d’eau dans les heures précédant leur activité physique.
Difficile d’imaginer que l’on puisse mourir suite à une surconsommation d’eau. Et pourtant, c’est très possible! Et voici pourquoi!
L’EAU
L’eau est un nutriment essentiel et joue différents rôles dans l’organisme :
- Elle participe à plusieurs réactions chimiques,
- Elle est un solvant pour plusieurs espèces chimiques,
- Elle participe au transport des molécules essentielles,
- Elle aide à maintenir la température corporelle.
Voilà pourquoi on doit consommer de l’eau à chaque jour. D’autant plus que de l’eau est perdue quotidiennement par transpiration, respiration, miction et défécation.
Les quantités d’eau requises varient selon l’âge, la masse, l’état de santé, le degré d’activité physique ou encore les conditions environnantes.
Mais on entend souvent dire qu’il faut boire chaque jour 8 grands verres d’eau. Et ça, c’est FAUX! Cette affirmation n’est pas fondée, et provient d’une vieille recommandation médicale simpliste, qui « colle » dans l’imaginaire des gens.
Une partie de l’eau nécessaire pour la santé de ton corps est synthétisée par ton corps lui-même au cours de plusieurs processus chimiques.
Une autre bonne partie de l’eau provient des aliments solides consommés car ils contiennent tous de l’eau à des degrés divers. Même les aliments dits « secs » contiennent de l’eau.
Reste donc un manque à gagner quotidien d’un peu plus d’1 litre.
Ce litre manquant peut être obtenu par la consommation de divers aliments liquides : toute boisson ou encore de la soupe.
Comme on peut voir, la consommation d’eau quotidienne varie beaucoup, et les 8 grands verres d’eau seraient certainement de trop!
Alors comment savoir si la quantité d’eau consommée est appropriée?
Bonne nouvelle, plus de 300 millions d’années d’évolution ont parfait le mécanisme de la soif, essentiel pour contrôler la quantité d’eau à boire. Si vous avez soif, buvez de l’eau, si vous n’avez pas soif, n’en buvez pas!
Attention toutefois, le mécanisme de la soif est un peu moins bien rodé chez les jeunes enfants et chez les personnes de plus de 50 ans. On recommande donc aux individus faisant partie de ces groupes de consommer un peu d’eau supplémentaire, même s’ils n’ont pas soif!
COMMENT LA SURCONSOMMATION D’EAU PEUT TUER?
Le mécanisme de la soif est médié par l’hypothalamus, une structure du cerveau.
Deux stimuli principaux déclenchent la sensation de soif :
1.Un changement dans la concentration du liquide intercellulaire
2.Une réduction du volume sanguin.
Analysons l’effet de ces deux stimuli.
Les cellules du corps, baignent dans un liquide appelé à juste titre : liquide intercellulaire.
Les cellules, elles-mêmes remplies de liquide, ont une concentration en minéraux nécessaire au bon fonctionnement du métabolisme. Le liquide intercellulaire se trouve lui-aussi à une concentration en minéraux qui, idéalement, est la même que celle à l’intérieur des cellules.
Lorsqu’il y a un déséquilibre entre les 2 concentrations, l’eau migre à travers la membrane cellulaire pour équilibrer les concentrations de part et d’autre.
C’est un phénomène que l’on appelle osmose.
Ainsi, si on consomme beaucoup de minéraux, comme du sel par exemple, la concentration du liquide intercellulaire va augmenter, et l’eau quittera la cellule pour équilibrer les concentrations. Vous aurez alors soif!
Par ailleurs, s’il fait très chaud et que vous faites de l’exercice, vous transpirerez beaucoup. Cette grande perte de liquide aura des répercussions sur le volume sanguin.
Pour rétablir le volume sanguin, l’hypothalamus va là encore, déclencher la sensation de soif.
ET SI ON BOIT TROP D’EAU?
Boire beaucoup d’eau dilue le liquide intercellulaire et provoque donc une baisse de sa concentration en minéraux, c’est ce qu’on appelle l’hyponatrémie.
Par osmose, l’eau migre vers l’intérieur de la cellule et le volume de celle-ci augmente. Dans des cas extrêmes, la pression osmotique peut même faire éclater la cellule!
Mais même sans atteindre ce seuil, le volume des cellules augmente, d’abord dans les extrémités, mains et pieds, où l’on peut y constater une enflure. Mais d’autres parties du corps sont limitées dans leur expansion.
C’est le cas du cerveau qui, bien à l’abri dans le crâne y est également bien à l’étroit. Et si la consommation d’eau est exagérée, l’individu peut souffrir d’un œdème cérébral.
Cette condition entraîne une suite de conséquences de plus en plus graves : maux de tête, vomissements, convulsions, coma et dans certains cas, la mort!
QUI PEUT BIEN CONSOMMER TROP D’EAU?
Certains individus atteint d’un trouble psychiatrique appelé potomanie peuvent boire des quantités impressionnantes de liquide, notamment de l’eau. Mais ces cas sont plutôt rares dans la population.
Les cas les plus fréquents de personnes en hyponatrémie par consommation excessive d’eau sont observés dans le domaine du sport.
Une croyance véhiculée entre autres par des compagnies de boissons désaltérantes prétend que le corps est incapable de gérer ses besoins en eau par le simple mécanisme de la soif.
En d’autres mots, ce message erroné prétend qu’il vaut mieux boire, même si on n’a pas soif.
Malheureusement, ce message est relayé par plusieurs entraîneurs, et la croyance se perpétue chez les jeunes athlètes. Cette croyance mène à une augmentation des cas d’hyponatrémie lors d’événements sportifs, surtout les épreuves d’endurance de longue durée.
Certains athlètes consomment beaucoup d’eau avant l’épreuve, pour s’assurer de ne pas être déshydraté avant l’épreuve, et peut-être aussi en croyant faire des réserves.
Mais le corps humain n’est pas comme celui du chameau et est incapable de faire des réserves d’eau, et tout volume d’eau excédentaire sera éliminé par les reins.
Au cours de l’épreuve sportive, la transpiration provoque une diminution de la concentration des minéraux dans le corps. Si l’athlète consomme de l’eau à chaque station de ravitaillement, il contribue à diluer encore davantage une concentration en minéraux déjà réduite par la transpiration.
Une fois parvenu au fil d’arrivée (s’il y parvient), l’athlète peut être en sérieuse condition d’hyponatrémie, conduisant à une hospitalisation suite à l’épreuve.
Au cours des dernières années, plus d’une douzaine de coureurs longue distance sont décédés des suites de cette surconsommation d’eau.
CONCLUSION
Les recommandations les plus objectives dans le milieu de la médecine du sport sont de se fier au mécanisme de la soif pour gérer les apports en eau si l’épreuve sportive dure moins de 90 minutes.
Si l’épreuve dure plus de 2 heures, on peut se fier au mécanisme de la soif également, mais il faut aussi planifier la restauration des électrolytes en consommant de la nourriture. Certaines portions de glucides et de sels minéraux sont vendues sous forme de gel pour ainsi faciliter leur consommation au cours de l’épreuve.
Bref, boire de l’eau, c’est vital, mais une surconsommation peut nuire à votre santé et même, vous mettre en danger!
Vous avez appris quelque chose? Songez à vous inscrire à l’infolettre ci-contre pour recevoir une notification lorsque je publierai un nouveau billet.
Vous pouvez aussi visiter la chaîne YouTube où vous trouverez des dizaines de vidéos des plus intéressantes!